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Déficit de laboratoires biomédicaux, de personnel qualifié _ 29 milliards pour rétablir l’équité

29 milliards seront injectés dans une période de quatre ans pour doter les structures sanitaires de laboratoires d’analyses biomédicaux mais aussi de personnels qualifiés sur toute l’étendue du territoire national . Cette révélation est du directeur national des laboratoires de santé publique du Sénégal, le professeur Amadou Moctar Dièye. Une action qui entre dans le cadre du programme spécial de développement des laboratoires.

La disponibilité et l’accessibilité des services de diagnostic et de laboratoire sont indispensables à la prise en charge des patients, à la prévention des maladies et à la recherche. Malheureusement, tous les hôpitaux du Sénégal n’en disposent pas. Ils sont soit confrontés à une disponibilité de personnel qualifié dont des pharmaciens ou médecins biologistes, techniciens supérieurs en biologie médicale, médecins anatomo- pathologistes, de plateau technique ou encore de réactifs.   Dans plusieurs structures de santé du pays qui en disposent, peu respectent les normes internationales de qualité au sein des laboratoires. Dans les structures de niveau 3, certaines analyses essentielles sont envoyées à l’étranger car non disponibles dans tout le pays. Conscient de tous ces manquements, la direction nationale des laboratoires de santé publique a présenté au mois de septembre dernier son programme spécial de développement des laboratoires de biomédicale pour validation. Un programme qui cherche selon les acteurs à rétablir l’équité et a doté le pays de personnel qualifié suffisant et de mise à niveau des laboratoires en équipements nécessaires pour réaliser les analyses et pour l’application des bonnes pratiques de gestion de la biosécurité garantissant la protection de la santé humaine et de l’environnement.  Pour le professeur Amadou Moctar Dièye, directeur national des laboratoires, la situation actuelle ne permet pas toujours aux laboratoires biomédicaux d’éclairer les médecins, et sages-femmes dans leurs diagnostics. « Dans nos laboratoires, il y a des problèmes de ressources humaines qui ne sont pas suffisantes ou qui ne sont pas très bien réparties. Les laboratoires demandent des biologistes, or dans certains, il n’y en a pas. Donc il y a un problème de ressources humaines qui se pose. Mais, il y a aussi la disponibilité d’infrastructures. Dans certaines structures sanitaires, les bâtiments qui les hébergent ont été construits depuis des années. D’autres ne respectent pas forcément les normes architecturales. Il y a autant d’actes qu’il faut poser pour avoir des laboratoires beaucoup plus performants » a-t-il fait savoirPour le professeur Dièye des gaps ont été identifiés. « Nous voulons augmenter la masse critique de biologistes et cela aiderait à renforcer le système des laboratoires. »

90% des activités dans les laboratoires sont celles de routine

Dans les laboratoires des structures de santé, l’accent est souvent mis dans les activités de routine. Peu font de la recherche pour booster la prévention.  Un constat qui a amené le professeur Dièye a l’affirmé : « 90% voire plus dans nos laboratoires ce sont les activités de routine à savoir, quand quelqu’un est malade il fait un bilan . Ce sont ces activités de biochimie et d’hématologie qui constituent presque plus de 90 % de nos activités de laboratoires. Nous sommes appuyées par des partenaires techniques et financiers qui mettent l’accent sur les épidémies. Et nous pensons que nous pouvons élaborer notre propre plan dans lequel nous allons prendre en compte aussi bien les activités de routine que les épidémies mais aussi les autres maladies courantes. »

Le Sénégal vers l’autonomie

Pour le ministère de la santé et de l’action sociale, le Sénégal a l’avantage de disposer d’un réseau dense de laboratoires biomédicaux publics et privés, civiles, militaires et paramilitaires, à tous les niveaux de la pyramide sanitaire qui sont implantés dans les centres de santé, des établissements publics de santé de niveaux 1, 2 et 3, les universités et les instituts dont les principales activités sont le diagnostic, la recherche, la formation et la surveillance épidémiologique.

Cependant, il a estimé que pour instaurer la couverture sanitaire universelle et atteindre les objectifs de développement durable liés à la santé, il est indispensable d’améliorer la disponibilité des services de diagnostic et d’en élargir l’accès.

« Cependant, certaines faiblesses sont notées dans nos systèmes de laboratoires surtout lors de la gestion de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). C’est pour éviter ces genres de situation que nous devons disposer de services de laboratoire les plus performants possible » a souligné le conseiller technique du ministère de la santé, Docteur Mamadou Sarr. Et de poursuivre : « C’est donc pour mieux nous préparer aux futures pandémies mais aussi pour améliorer la prise en charge des patients que le Sénégal s’est engagé à élaborer et à mettre en œuvre un Programme spécial de Développement des Laboratoires, pour la période 2024-2028. Il devrait servir de base pour notre pays pour disposer d’un système de laboratoire capable de prendre en charge le diagnostic des maladies de routine mais également des maladies à potentiel épidémique, partout sur le territoire national. »

Les cabinets médicaux privés interdit de laboratoire

Les cabinets médicaux ne sont pas autorisés à faire des analyses biomédicales. Ils doivent se limiter à l’exercice médical pour lequel ils ont reçu l’agrément. Cependant, au Sénégal, plusieurs cabinets médicaux réalisent des tests biomédicaux au sein de leurs structures. Dans des officines privées, le constat est aussi patent.  Ayant très souvent le matériel pour le réaliser, un personnel de santé est souvent recruté ou sollicité pour faire l’acte. Dans d’autres cas, le médecin ou le pharmacien qui est un biologiste le fait. Par leur entremise, des tests sont envoyés à l’étranger pour être effectués. Dans les hôpitaux publics en l’absence de test disponible dans leur structure par manque de réactifs, les médecins ou des prestataires orientent les patients dans le privé. 

Interpellé sur cette question, le directeur national des laboratoires de santé publique, le professeur Moctar Dièye a laissé entendre : « ce qui se passe dans ces cabinets médicaux est que, parmi eux, il y a ceux qui font du laboratoire. Et cela n’est pas autorisé ».  

Selon le professeur Dièye, ces cabinets ont reçu des agréments du ministère de la santé pour pratiquer des actes médicaux, tels que la consultation, la chirurgie, la prescription entre autres. « Nous travaillons pour que cela cesse. Si vous avez des laboratoires qui ne sont pas autorisés, les résultats qui seront issus de ces analyses ne sont pas forcément fiables.  Et c’est quelque chose de très dangereux pour les populations qui les fréquentent ». Et de poursuivre : « Mieux vaut ne pas donner des résultats que de donner des résultats erronés. Aujourd’hui, le médecin se base toujours sur ces résultats pour le traitement du patient. Si vous dites que quelqu’un a de la Covid-19 alors qu’il ne l’a pas cela pose problème. Il faut que les gens se conforment à la réglementation ».

 Le médecin ou le pharmacien biologiste est habilité à faire des actes de laboratoire. Cependant, s’ils décident d’ouvrir leur cabinet médical ou leur pharmacie, ils doivent se conformer à la réglementation qui dit que le pharmacien d’officine privé doit se limiter à la vente de médicament et le conseil ; le médecin à la consultation, la prescription et l‘intervention.  Toutefois, il faut dire que dans le secteur privé, il y a des cabinets dédiés aux analyses. Ces derniers ont reçu des agréments rien que pour réaliser des tests. « Ces cabinets médicaux doivent travailler sous la responsabilité et sous la surveillance d’un laboratoire de biologie médical agréé qui va valider les résultats » a déclaré le directeur des laboratoires de santé publique.  Et de renseigner : « j’en appelle à la population à faire attention. Les laboratoires agréés sont sur internet avec des numéros d’agrément et ils sont inspectés régulièrement.  Là oui, on peut garantir la fiabilité des résultats des analyses. Et si on le fait ailleurs on ne peut pas certifier la fiabilité des tests rendus ».

Denise ZAROUR MEDANG

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